Dans un rebondissement digne des plus grands thrillers judiciaires, un adjudant de la gendarmerie royale a réussi une évasion spectaculaire au sein même de la cour d’appel d’El Jadida. L’homme, récemment inculpé pour son implication présumée dans un vaste réseau international de trafic de stupéfiants, a profité d’un moment d’inattention de ses gardes pour s’enfuir, laissant derrière lui une onde de choc dans les milieux sécuritaires et judiciaires.
Présenté devant le procureur général du roi près la cour d’appel en vertu de son immunité fonctionnelle – privilège accordé aux forces auxiliaires opérant dans des circonscriptions judiciaires –, le suspect avait été placé en détention provisoire après une longue audition. Les charges pesant contre lui sont lourdes : corruption passive, complicité avec des barons de la drogue, et entrave à la justice. Pourtant, malgré la gravité des accusations, les mesures de sécurité semblent avoir été insuffisantes pour empêcher son évasion. Selon des sources proches du dossier, le gendarme, en liberté surveillée mais non menotté, aurait profité d’un instant de relâchement pour escalader un mur à l’arrière du tribunal, où une voiture l’attendait. Le conducteur, dont l’identité reste inconnue, aurait facilité sa fuite vers une destination encore indéterminée, plongeant les autorités dans une course contre la montre.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte déjà explosif, marqué par le démantèlement récent du réseau de narcotrafic dirigé par le célèbre baron “Hamdoun”. C’est d’ailleurs un détenu, condamné pour ses liens avec ce cartel, qui avait initialement dénoncé le gendarme, l’accusant d’avoir monnayé sa protection en échange de pots-de-vin. Si la plainte avait d’abord été classée faute de preuves, de nouveaux éléments – notamment des échanges de messages compromettants – ont conduit à la réouverture du dossier. Lors de son audition, l’intéressé a nié en bloc, qualifiant les accusations de “calomnies” et arguant que les enregistrements audio produits ne prouvaient en rien sa culpabilité. Mais les enquêteurs, eux, restent convaincus de sa participation active au réseau.
Dès l’annonce de l’évasion, un dispositif sécuritaire d’envergure a été déployé dans la région. Les unités de la gendarmerie royale, appuyées par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), ont lancé des opérations de ratissage, tandis que les points de contrôle se multiplient aux abords de la ville. Les interrogations, cependant, persistent : comment un homme accusé de crimes aussi graves a-t-il pu s’échapper aussi facilement ? Cette fuite, aussi rocambolesque qu’humiliante pour l’institution, ravive les blessures d’un passé récent où deux gendarmes avaient été condamnés pour leur collaboration avec le même réseau. D’autres avaient été blanchis, faute de preuves tangibles. Mais cette fois, c’est bien l’image de la gendarmerie royale qui est en jeu, alors que les questions s’accumulent sur d’éventuelles complicités internes.
Hicham TOUATI